Biographie synthétique
A l’origine de la Marmite, des élèves du conservatoire national de région de Grenoble.
L’association la Marmite a été créée le 5 août 1987 à Grenoble à l’initiative de Sophie Berckelaers et de la majeure partie de ses camarades de la classe à objectif professionnel du conservatoire national de région de Grenoble.
Derrière les statuts, très larges, déposés par les jeunes acteurs, se profilait le désir de créer, de s’immerger dans la création théâtrale, d’en explorer toutes les facettes.
Les premières créations, entre autres « Paysages » et « La Dispute » qui seront représentés à Avignon et au Cargo-Maison de la culture de Grenoble, sont nées de coproductions entre l’association dirigée par les élèves et le conservatoire, représenté par Jean-Claude Foulon, le directeur adjoint, qui lui sera d’un grand soutien. Dès leur sortie du conservatoire, trois jeunes metteurs en scène émergent de cette équipe à travers les productions de La Marmite Sophie Berckelaers, Thierry Lachkar et Isabelle Esposito. Au bout de trois ans de créations, Thierry et Isabelle se séparent de La Marmite pour trouver leurs voies hors de Grenoble.
Le travail avec la PJJ : quand la création théâtrale prend une dimension éducative
La Marmite continue à se développer à Grenoble, Sophie en assure la direction artistique et pédagogique. En interne, à la suite d’un appel à projet lancé par la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) et la MJC Prémol, Sophie initie un groupe de création pour les adolescents. Ce projet prend très vite une envergure inattendue impulsée par Sophie et Serge Luboz, directeur d’un centre de jour de la PJJ. Le groupe, encadré par des artistes professionnels recrutés par Sophie, prend aussi les chemins de la création théâtrale, des coproductions et des échanges internationaux mais avec une dimension éducative associée à une mixité culturelle et sociale qui inclut des collaborations avec des partenaires de l’éducation nationale et de l’éducation spécialisée.
Le développement à l’étranger, en parallèle des créations de la Marmite
Dans le même temps, les spectacles professionnels prennent une envergure internationale dès 1992 avec la création de : « Le chant d’Orphée, Orpheus Gesang », d’après la vie et l’œuvre de Rainer Maria Rilke, spectacle imaginé et mis en scène par Sophie Berckelaers avec une équipe d’interprètes français, allemands, suisse, hollandais et marocains, unissant théâtre, danse, cinéma et arts plastiques sur la scène du théâtre de Privas, repris, un an plus tard, en version allemande, sur les scènes du théâtre national de Düsseldorf et de la Feuerwache de Cologne.
D’un projet pédagogique et artistique pour les jeunes à une compagnie intergénérationnelle : la compagnie Les Petits Poids
Ce sont les jeunes acteurs de la compagnie les Petits Poids qui vont profiter largement de l’ouverture internationale et multiculturelle créée par les artistes professionnels de la Marmite. Sophie s’enthousiasme et se passionne pour l’écriture et la pédagogie en direction de ces adolescents (et quelques enfants) issus des quartiers sensibles de Grenoble. Il en résulte une aventure extraordinaire qui touche plusieurs centaines d’enfants et adolescents jusqu’en 2018 où la compagnie élargit ses propositions en devenant intergénérations.
Entre les projets internationaux et ceux qui font intervenir des chevaux comme compagnons de jeu, Les Petits Poids expérimentent les jeux d’adresse du cirque, l’acrobatie, le yoga, les langues étrangères, le théâtre en pleine forêt, le cinéma, la vidéo, les arts plastiques, l’équitation éthologique et la voltige équestre…Ils apprennent à ouvrir leur cœur et leur imagination quelle que soit leur histoire familiale, leur réussite scolaire, leur apparence, leur niveau de vie culturelle et économique. Tous peuvent trouver leur place même avec des handicaps qui les stigmatisent par ailleurs.
La Marmite, sa direction et son conseil d’administration, veillent sur le développement qualitatif du projet éducatif, culturel et artistique qui concerne les enfants et adolescents qu’elle accompagne dans cet ambitieux projet, bien au-delà d’une simple pratique de loisirs. A partir de 2008, le nom « d’école de création » est accolé à celui de Cie Les Petits Poids pour marquer ce développement particulier jusqu’en 2017.
Au fil du développement de chaque projet, les jeunes et les professionnels du spectacle qui les encadrent deviennent de véritables compagnons sur la route de la création artistique. Chaque pièce donnée en public résulte toujours de plusieurs années de recherche et de travail. Chaque nouveau projet est pensé avec les jeunes acteurs qui souhaitent continuer dans la compagnie.
A partir de 2018, la Marmite supprime son qualificatif « d’école de création » de la Cie Les Petits Poids pour s’ouvrir à l’intergénérations car si les jeunes d’aujourd’hui bénéficient d’une large offre culturelle, ce n’est souvent pas le cas pour les générations qui les ont précédées. La possibilité de partager des projets d’une telle richesse est tout aussi bénéfique pour les adultes et améliore considérablement les relations qu’ils entretiennent avec la jeunesse.
Aujourd’hui, la Cie Les Petits Poids décline ses créations sur deux niveaux, l’un tous publics à travers des ateliers menant à une création théâtrale, l’autre concerne les adultes, très investis, qui veulent découvrir la création dans sa dimension professionnelle en s’investissant dans toutes les étapes jusqu’à la diffusion du spectacle.
Au fil du temps, La Marmite a donné naissance à un répertoire de pièces originales écrites par Sophie Berckelaers pour ses jeunes interprètes. Chaque nouvelle création prend en compte la diversité et l’originalité des publics, parfois même les aléas de leurs vies tout en leur permettant de la réensemencer par la pratique artistique.
L’interprétation des œuvres poétiques de Seuphor, une spécialité Marmite
Parallèlement à cette activité déjà foisonnante, La Marmite a développé la mise en scène et l’interprétation de la poésie. Dès sa création, Sophie a mis en scène des textes poétiques de Kurt Schwitters, Jean Arp, Rilke… Karim Troussi a été le premier à mettre en scène des textes de Michel Seuphor dès 1996, suivi par Sophie à partir de 2009 qui en reste à ce jour la principale interprète en France comme à l’étranger, trouvant ainsi à exprimer la très grande admiration qu’elle voue à l’œuvre de cet artiste international qui fut, pour elle, à la fois un grand-père et un père spirituel.